Epinglés ! présente les découvertes des bibliothécaires et des lecteurs, des livres récents ou plus anciens, parfois méconnus, et qui méritent un coup de projecteur.
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C’est la nuit. Alceste la chouette sort de son nid. Elle a faim. Très faim. Elle mangerait n’importe quoi. « Tout le monde sait que les chouettes sont sages » mais savez-vous qu’elles ont aussi un don pour le camouflage (bon, après avoir vu notre rapace en action, on a comme un doute) ?
Tiens, ce lapin par exemple, il ferait un met de choix. Ni une ni deux, Alceste se déguise en carotte et s’approche de sa proie. Zut, ça ne fonctionne pas ! Pas plus que le déguisement de maman mouton ou de bassin à pigeons (car Alceste ne fait pas grand cas de ses congénères ailés).
Ses tentatives infructueuses se soldent toujours par ce constat désopilant : « Raté ! ça n’a pas marché ! » Mais l’emplumée a le mérite d’être obstinée ; elle ne se décourage pas et tandis que « les ombres de la nuit s’allongent aussi noires que du pain brûlé », sa faim se précise autant que sa détermination…
Alceste porte bien son nom car elle manie les rimes et la langue de Molière :
Oh ! un tendre petit agneau se tient là !
Comme il a l’air sans défense dans l’air frais de la nuit !
L’agneau est doux à câliner
Mais j’aurai tôt fait de le manger.
Le contraste entre le texte farci de périphrases grandiloquentes (Alceste se meut en une « dangereuse créature-de-la-nuit ») et autres emphases soulignant le caractère redoutable de notre héroïne aux yeux ronds (à l’affût, le « bec mortellement aiguisé » dans « le terrible silence de la nuit ») et le dessin enfantin – trait épais et aplats de couleur – rend l’album hilarant. Les expressions des animaux et les réparties d’Alceste-la-chouette rappellent celles des pigeons de Mo Willems, avec qui cette dernière pourrait copiner si elle n’était pas tentée de les dévorer…
Mélanie, bibliothécaire
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Alceste-la-chouette, roi du camouflage, Sean Taylor (Ed. des grandes personnes, 2014).