Epinglés ! présente les découvertes des bibliothécaires et des lecteurs, des livres récents ou plus anciens, parfois méconnus, et qui méritent un coup de projecteur.
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Depuis son divorce, la mère de Violette cherche désespérément l’homme de sa vie, ce qui ne ravit pas ladite Violette. Du haut de ses douze ans, cette dernière était persuadée qu’après la fuite de son père, producteur de cinéma, avec une pulpeuse actrice blonde répondant au nom de Jennica, sa génitrice « renonce[rait] aux hommes et trouve[rait] le bonheur dans une vie consacrée à l’éducation de ses enfants, au travail et au célibat. » On peut toujours rêver, non ?
Il faut dire qu’Ingrid séparée, visage bouffi et yeux de veau, avait tellement usé de mouchoirs après le départ de son mari que cela aurait dû la dégoûter des hommes à tout jamais. En vérité, tout le contraire s’est produit. Relookée par Karen, une de ses amies cougar assumée, elle s’est mise, dès la fin de sa phase déprime sur canapé, à enchainer frénétiquement les conquêtes. Navrantes pour la plupart, si bien que Violette s’est vue contrainte de développer des compétences de détective pour préserver sa mère de ses soupirants et de son sérieux manque de discernement. Soutenue par son acolyte Phoebe qui, comme elle, n’a pas froid aux yeux, elle enfile à chaque nouvel homme que sa mère fréquente son costume de Miss Marple et mène l’enquête d’une main de maître, sans jamais rien laisser au hasard. Veille, filature, appâts : la procédure est étudiée pour ne souffrir aucune faille. Ainsi, la lumière a été faite sur Carl, le riche bipolaire alcoolique qui déteste les enfants, ou encore sur le trop parfait Jonathan, dont la belle façade cachait un menteur infidèle.
Le dernier plouc en date s’appelle Dudley Wiener ; traduire : Dudley la saucisse, alias l’Homme-Taupe, un rouquin bedonnant amateur de brocantes, de fringues ringardes et de jeux de mots pathétiques. Avec celui-là, Violette pense avoir touché le fond. Le problème, c’est que sa mère y est accrochée comme une bernique à son rocher et que sa petite sœur Rosie, si douce et si naïve, lui saute au cou dès qu’il passe le seuil de la porte et semble à deux doigts de l’appeler « papa ».
Il est grand temps d’intervenir pour Violette, et une seule solution s’offre à elle : trouver par elle-même quelqu’un qui arrive à la cheville de sa mère, quelqu’un qui soit digne d’elle, si possible avec de l’allure et des cheveux. Le choix qui s’impose, après mûre réflexion, c’est (bien sûr) George Clooney. Et puisqu’il ne répond pas à ses lettres, alors elle ira le rencontrer en personne…
Un roman à lire dès douze ans, avec de gentilles entourloupes, du mordant, de la planque, du suspens, des talkies-walkies… et, à bien y regarder, pas mal d’amour. Les descriptions de Violette au sujet des affreux prétendants de sa mère sauront faire rire les mamans comme leurs filles, qui ne pourront que s’attacher à cette « cynique en amour » repentie, tellement soucieuse du bien-être de sa mère qu’elle ne peut se résoudre à la laisser s’abandonner aux bras de n’importe qui.
Mélanie, bibliothécaire
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Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ?, Susin Nielsen (Hélium, 2011).